C'était l'une des pires tempêtes que l'on ait jamais connue chez nous. Une tempête qui à l'aube de l'an 2000 avait un air de fin du monde. Un déchaînement du Ciel bien pire que ce qu'on attendait du fameux bogue de l'an 2000, auquel finalement on s'était bien préparé, à moins qu'il ne fût qu'un pétard mouillé.

Si le bogue n'a pas arrêté les avions, n'a pas provoqué de collision ou d'encombrement incohérent des aérodromes, le déchaînement du Ciel aura fait, chez nous, bien plus de mal à l'aviation. Plus de 50 millions de francs de dégâts à Roissy et à Orly, l'aéroport de Clermont Ferrand fermé pendant plusieurs jours, et les lignes aériennes intérieures interrompues sur les destinations les plus fréquentées comme Bordeaux, Marseille ou Nice.
Si quelques gros avions ont été endommagés, près d'une cinquantaine d'avions légers de club, ont été tordus ou cassés. Dans les deux cas, que ce soit pour un Boeing 747 dans un hangar d'Orly ou pour de petits monomoteurs, ce sont les hangars qui se sont effondrés, les tôles qui ont volé, ou simplement les avions qui ont décollé avec les chaînes et les toupies de béton qui les maintenaient au sol.

Car on l'oublie, mais sur Terre, tout vole. Ce n'est qu'une question de vitesse du vent. Vent relatif, si c'est l'objet qui se déplace par ses propres moyens. Vent tout court si c'est celui de la nature.
Mais malgré ces avatars, les avions et les hélicoptères ont aussi secouru les hommes, transportés des produits d'urgence, comme ces deux tonnes de bougies apportées par la sécurité civile à Périgueux. Les hélicoptères ont permis de cerner l'étendue des dégâts en survolant les lignes électriques, et même de dresser de nouveaux pylônes.

Morale de cette quinzaine cataclysmique : ne faudrait-il pas enterrer les lignes électriques, mieux préparer nos bâtiments et vérifier auprès des climatologues si nous ne glissons pas vers une évolution génératrice de vents plus violents qu'autrefois, un millénaire de tourmente auquel il faudrait s'adapter, comme depuis Noé tous les hommes l'ont fait sur cette planète, et en premier lieu se souvenir que sans électricité plus rien ne marche dans le monde moderne. En second de remercier nos voisins solidaires qui ont apporté leur aide à un pays décidément bien mal organisé pour résister aux catastrophes naturelles.