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Chronique du Mercredi 23 Janvier 2002
Chronique exclusivement publiée dans Info Pilote, revue de la FNA.
Instructeurs de pilotage

Pourquoi tant de haine ? Depuis trois ans maintenant, les Administrations de l’Aviation Civile Européenne mettent en place une réglementation commune concernant les brevets, les licences et l’exploitation des avions et hélicoptères dans la Communauté Européenne (JAR). Tout cela est lourd, complexe, ça l’est particulièrement pour les entreprises et les personnels navigants qui voient changer les règles du jeu dans un sens de standardisation qui malheureusement n’a pas été basé sur la simplification mais sur la multiplication des difficultés.

Dans les centres de formation, ce sont particulièrement les élèves pilotes et les instructeurs qui sont touchés. Elèves pilotes qui doivent se soumettre à des examens extrêmement longs, et rares, sans annales, et instructeurs qui sont assujettis à des paperasseries sans fin et des épreuves complexes après avoir été privés de la plupart de leur prérogatives. Je dis bien prérogatives et pas privilèges.
Comme le soulignent l’Association Nationale des pilotes instructeurs (ANPI) ou la FNA tout le monde a pourtant joué le jeu.

Retards après retards, l’Administration Française n’était pas en mesure d’appliquer les nouvelles règles et c’est la FNA qui a organisé les nombreux stages qui étaient toutefois exigés et sans lesquels il n’y aurait quasiment plus eu aucun instructeur en droit d’exercer en France !. Quelle affaire, pour expliquer un sommaire de textes mal copiés sur les américains.

Mais la contrepartie n’existe pas puisque tous les instructeurs formateurs des écoles françaises dont les prérogatives étaient jusqu’ici nationales se retrouvent non pas habilités sur l’ensemble de l’espace européen, ce qui eut été logique - c’était promis ! - mais uniquement dans les régions de France (les DAC) où ils exercent le plus couramment !

Le plus grave, et ça empire, est la question des contrôles et examens en vol. Jusqu’ici la plupart des instructeurs après avoir été contrôlés comme examinateurs, effectuaient donc les renouvellements et prorogations de licences ainsi que - à titre gracieux -, sur leur temps, à leurs frais et à leurs risques et périls, -pas d’assurance- la délivrance de nouveaux brevets. On respectait la règle : ne pas tester ses élèves pour la délivrance de brevets, et jamais au sein de la même école. Cela du reste n’assurait aucun retour d’expérience, mais des exceptions permettaient dans les grosses écoles de le faire comme audit interne. C’est fini.
Evidemment nous délivrons des milliers de brevets par an, car l’Administration n’en a pas les moyens humains. Pourtant, si la formation n’est pas son rôle, le contrôle est de son devoir. Ainsi ce travail essentiel est effectué par chaque instructeur, sur son terrain ou dans son club ou son école comme une sorte de service public.


Mais tout cela est fini et malgré de nombreuses plaintes courriers et réunions, les instructeurs a qui la DGAC et les certaines DAC ont régulièrement menti, sont astreints à de véritables « parcours de combattants ».
Inscrits d’office et arbitrairement sur des listes d’examinateurs (FE) sans avoir été consultés, ils ne peuvent opérer que sur des terrains d’aviation éloignés et doivent, pour être agrées, organiser d’impossibles rendez-vous entre de rares contrôleurs de l’Administration, des pilotes demandeurs de tests ou de contrôles, -qui les ont choisi- cela obligatoirement sur des avions de trois ou quatre places, rarement des avions école, en tenant compte des conditions météorologiques aléatoires et des emplois du temps des uns et des autres.

France originale où l’on emploie des méthodes brutales et désespérantes pour les bénévoles comme pour les salariés dont l’honnêteté et la compétence n’ont jamais été remis en cause.
Instructeurs pilotes de ligne ou, pilotes privés, jeunes ou vieux, tous sont dans le même sac, et nombre d’entre eux soit protestent et se soumettent, soit, désespèrent.
Nous sommes prêts à nous soumettre à tout contrôle de compétence que nous fixera l’Administration, mais dans des conditions décentes, en lui laissant le soin de cette organisation complexe et en la priant de tenir compte aussi de nos emplois du temps.
Faute de quoi le couperet va tomber le 30 juin prochain pour la plupart des instructeurs (FI) dont un bon nombre renonceront à être (FE).
Si c’est le cas, le système sera encombré. Dommage pour nos pilotes et nos école.
Mais je dois le dire aussi, je suis amer et écœuré que tant d’années d’implication dans l’aviation se soldent dans une si douloureuse indifférence à notre égard.
Messieurs les directeurs et tous vos collaborateurs, il est temps d’injecter du bon sens et de la délicatesse dans tout cela.

Michel Polacco





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Document imprimé le Jeudi 28 Mars 2024
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